Never let a good crisis go to waste
Winston Churchill
Calculer les risques, c’est notre métier. Au début de la crise du coronavirus, j’ai très vite évalué les risques pour nos employés – par conséquent pour l’entreprise aussi – et pris les mesures appropriées. BG Ingénieurs Conseils SA a des succursales en Italie, au Portugal et en France. Dans tous ces pays, nous avons pu continuer à fonctionner en télétravail.
En matière de gestion d’entreprise, je suis fermement convaincu qu’un dirigeant ne peut être responsable de plus de huit à dix personnes; il est humainement impossible d’en faire plus. Notre entreprise est structurée en conséquence. La crise a montré la valeur de cette structure: les chefs de groupe sont seuls à pouvoir désormais accompagner les collaborateurs au plus près, socialement et professionnellement. Dans le même temps, nous avons dû nous rendre compte qu’en général, la fonction des cadres moyens est grandement sous-estimée. Nous allons certainement rehausser fortement leur statut. Le fait que nous puissions nous appuyer sur les valeurs de confiance et de solidarité dans cette situation difficile est inestimable. Nous pouvons compter sur nos collaborateurs, ils sont très motivés.
"Les cadres moyens jouent un rôle essentiel"
Jusqu’ici, notre entreprise n’avait pas forcé le télétravail. Mais avec la crise, j’y trouve moi-même aussi des avantages. Plus de long trajet pour me rendre au bureau et je suis concentré sur mon travail. Désormais, nous tiendrons compte des souhaits de nos employés à cet égard. Mais même si, techniquement, le travail peut être effectué, nous aurons besoin de la présence physique partielle des collaborateurs. Une culture d’entreprise ne peut se former et être vécue virtuellement.
Je pense que, dans les prochains mois, la Confédération, les cantons et les communes vont lancer de nombreux projets de planification pour stimuler l’économie. Les ingénieurs ont l’habitude de considérer les projets de planification dans une perspective à long terme. Un tunnel, un pont ou un immeuble resteront en définitive pendant plusieurs décennies. La campagne d’investissements de l’Etat pourrait accélérer la mutation vers une économie durable. A long terme, il est judicieux d’investir dès à présent dans l’économie verte. Les ingénieurs sont sans aucun doute prêts à relever ce défi. Il est de même fort possible que l’on accorde à l’avenir davantage de poids aux experts. La crise du coronavirus a radicalement redéfini – en bien – les relations entre le monde politique et les experts. C’est une grande chance pour nous, les ingénieurs.
J’ai déjà planifié les étapes à suivre pour ramener physiquement les collaborateurs dans les bureaux. Si tant est que la pandémie continue d’évoluer comme jusqu’ici, 40 % des employés seront de retour dans l’entreprise d’ici à l’été. J’ai également décidé, pour ma part, de ne plus prendre l’avion cette année, ni pour les affaires, ni pour les loisirs. Le risque est tout simplement trop élevé. J’ai de sérieux doutes en ce qui concerne l’année prochaine. Que va-t-il se passer au niveau économique? Quelles seront les conséquences sociales? A cet égard, en tant qu’association, l’usic a l’immense chance de pouvoir se diversifier sur le plan thématique et de se mettre à la disposition de ses membres en tant que plate-forme. Les études, les articles et les contributions des médias sociaux pourront servir de base.
Entretien mené avec Pierre Epars le avril 2020
Président du comité directeur de BG Ingénieurs Conseils SA