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Perspectives pour l’Ukraine

Engineering Politique Entreprise Économie lundi 4 juillet 2022

L’engagement du groupe HHM en Ukraine a débuté il y a plus de deux décennies. L’entreprise Global 17 est aujourd’hui une société sœur, employant quelque 65 collaborateurs répartis entre les sites de Kiev et de Dniepr. En Ukraine – à l’inverse de la tendance prévalant en Suisse –, l’accès des femmes aux professions d’ingénieur s’inscrit dans une tradition. Aussi la part des femmes dans notre bureau est-elle supérieure à 50 %. Le projet de développer des compétences en matière de planification de la technique du bâtiment et de conception de logiciels en Europe de l’Est trouve son origine dans la pénurie de personnel qualifié en Suisse.

Les événements que nous avons vécus depuis le début de la guerre sont d’une complexité dont ces lignes ne sauront jamais rendre compte. Avant même le début des hostilités et pressentant le scénario le plus pessimiste, nous nous étions fixé deux objectifs, inchangés depuis lors:

1. La sécurité de nos collaborateurs et de leur famille est une priorité absolue.

2. L’activité doit être maintenue, tant dans l’intérêt des collaborateurs que des clients.

Par conséquent, dès le début du conflit, tous les collaborateurs qui le souhaitaient ont été évacués vers le sud-ouest de l’Ukraine, dans les montagnes des Carpates. Nous-mêmes sommes en contact quotidien avec pratiquement l’ensemble d’entre eux, où qu’ils se trouvent. Voilà maintenant des semaines que la plupart sont en sécurité et en mesure de travailler; une équipe œuvre mêmeà partir d’un nouveau hub créé entre-temps en Pologne, tandis que nombre d’autres sont réparti à travers le pays. Autant d’histoires individuelles qui mériteraient toutes d’être racontées ici. Le maintien de l’activité du bureau est essentiel pour les collaborateurs. Pas un jour ou presque ne passe sans entendre dire que rester actif est le meilleur exutoire. Une façon à eux d’entrer en résistance pour garder le pays en vie grâce à sa performance économique.

Même si l’Ukraine est en guerre, force est de constater que l’État et les habitants maintiennent l’infrastructure au mieux – jusqu’au service de poste. Les paiements fonctionnent et des personnes hautement qualifiées continuent d’exercer leur emploi sur place. Il importe qu’en Suisse, malgré toute l’aide déployée et la solidarité louable dont nous pouvons faire preuve, nous gardions à l’esprit ce point essentiel. Contrairement au Pakistan ou à la Syrie aux prises à des guerres longues parfois de plusieurs décennies et ayant laissé derrière elles des sociétés civiles sans perspectives, il régnait en Ukraine, avant le début du conflit, une atmosphère de renouveau démocratique. L’opportunité qu’avait le pays de voir son visage se remodeler ne doit pas lui être retirée.


Partant, le soutien du groupe HHM se projette dans un avenir sur place, quasiment à portée de vue de la terre natale. Notre aide entend tout mettre en œuvre pour que l’Ukraine ne perde pas ses meilleurs éléments. Elle ne se veut pas une course de vitesse, mais un marathon. Si la Suisse accueille à bras ouverts, outre des familles, des spécialistes également (ce sont bien d’eux dont il est ici le propos), elle doit à la fois être prête à les laisser repartir. L’Ukraine a besoin d’eux. La guerre ne saurait être un prétexte pour priver un pays de son potentiel de cerveaux. Dans cette optique, il est fondamental de sans cesse mettre à l’épreuve les motivations qui sous-tendent nos propres actions. Concernant l’embauche de réfugiés sur sol helvétique, il convient de ne pas oublier l’égalité de traitement avec des réfugiés d’autres pays ou des aspects tels que le principe de priorité des travailleurs indigènes ou le respect des contingents de travailleurs étrangers.


Depuis la fondation de notre bureau d’ingénierie à Kiev en 2001, je me suis régulièrement rendu dans cette belle ville. J’ai appris à la connaître, à l’apprécier et à l’aimer. Kiev, qui avec sa population a surmonté de nombreux défis – je pense à la révolution orange en 2004 et à la révolution ukrainienne, dite de Maïdan, en 2014 –, s’est développée en une ville extrêmement attrayante. Les Ukrainiens le doivent à leur dur combat, mené au prix de vies humaines. Cette volonté de fer à l’autodétermination s’affiche encore une fois de manière impressionnante sous le feu de l’actualité. Or l’Ukraine ne mène pas seulement une guerre armée, elle doit aussi pouvoir survivre économiquement. Après vingt-deux ans d’activité entrepreneuriale dans ce pays, nous estimons qu’il est de notre responsabilité de soutenir ce dernier dans ce combat-là. Notre engagement donne de l’espoir à nos ingénieurs et à leur famille. Nous ne devons en aucun cas les priver de cette perspective.

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