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Un projet pionnier pour de nouveaux modèles de collaboration

Engineering Innovation Entreprise Économie lundi 27 juin 2022

Les nouveaux modèles de collaboration, telle la réalisation de projet intégrée (RPI, angl. intergrated project delivery, IPD), alimentent actuellement les débats. Leur objectif: mettre fin aux sempiternels conflits d’intérêts régulièrement source de problèmes et de litiges dans le déroulement des travaux, et créer une meilleure assise à l’exécution efficace et réussie des projets. Divers maîtres d’ouvrage et parties prenantes discutent de modèles correspondants et étudient les possibilités de les mettre en œuvre ou, à défaut, de les adapter partiellement. L’entreprise Thermoplan à Weggis a relevé le défi en lançant un projet de construction de ce type, baptisé «unique». Elle a ainsi développé au cours des derniers mois un modèle de collaboration innovant, s’inspirant des préceptes RPI. Ce modèle continue de reposer sur des contrats individuels entre le maître d’ouvrage d’une part et les planificateurs et entrepreneurs mandatés d’autre part.

En revanche, les principes de collaboration sont convenus contractuellement dans un document unique valable au même titre pour l’ensemble des principaux participants au projet et basé sur les lignes directrices du modèle RPI ( forme d’organisation, collaboration, système de rémunération, etc.). Un membre de l’usic, attaché au groupe HHM, participe activement à ce projet. Il a également été donné au secrétaire général de l’usic d’accompagner la démarche sur le plan juridique.

La réalisation de projet intégrée (RPI) est une méthode de réalisation de projets de construction collaborative, dans laquelle l’ensemble des participants sont impliqués dès le début du processus de planification et de construction. Avec le projet «unique» de Thermoplan, ce concept accède au rang de réalité pionnière. Les entreprises partagent à la fois les avantages et les risques. La RPI exige davantage que des humains, de la technique et des processus: elle implique une nouvelle culture de la collaboration. La première Assemblée générale de l’équipe de projet, le 11 mars à Weggis, au cours de laquelle a notamment été élue l’équipe de direction RPI, en est le meilleur exemple.

Et Thermoplan d’expliquer sur son site: «Le projet pose, au travers de la réalisation de projet intégrée, les jalons d’une nouvelle façon de construire et s’affiche dans sa globalité comme unique en Suisse: les entreprises et corps de métiers participants sont mis en réseau et impliqués dès les premiers instants; les différentes étapes des phases de planification et de mise en œuvre cèdent la place à des étapes communes, et l’état de la planification demeure toujours transparent pour toutes les parties prenantes.» De par son mode de conception et de réalisation, la construction de l’usine 5 – avec des aires de production et des installations logistiques supplémentaires ainsi que de nouveaux bureaux à la clé – est un projet sans pareil sur sol helvétique.

Un engagement commun au profit d’objectifs élevés

L’Assemblée générale réunit une fois l’an les représentants respectifs de la vingtaine d’entreprises actuellement partenaires et élit l’équipe de direction, laquelle fait office d’organe de contrôle et assume la gestion stratégique et conceptuelle du projet. Cette équipe dessine véritablement la vision RPI: elle aide à la sélection des partenaires, veille à ce que les promesses du projet soient tenues, tout comme elle surveille les objectifs et les métriques. La pluralité des objectifs RPI, qui dépasse largement la norme usuelle, traduit l’originalité de ce projet.

Adrian Steiner, mandant et directeur général de Thermoplan, souligne le courage et la clairvoyance que requiert une telle démarche, dont l’aboutissement repose uniquement sur l’équipe. Le projet vise à doubler la capacité de l’infrastructure sur le site de production en Suisse centrale, et pour Thermoplan, la flexibilité ultérieure en termes de production est essentielle. Dans cette perspective, pouvoir s’appuyer d’emblée sur une planification collective et cohérente qui vise des objectifs communs représente un véritable atout.
Or l’entreprise est exigeante, sachant qu’elle ne veut laisser personne au bord du chemin. Face aux défis et problèmes, il s’agira de réagir par des solutions. «Et non pas par des compromis sur l’ensemble de l’ouvrage», insiste Adrian Steiner. Le fait de vouloir répondre aux standards internationaux les plus élevés en matière de durabilité et de certification est l’expression même de cette ambition.

Jauger, apprendre et ajuster

Les options numériques ouvrent certes la voie à de nouveaux possibles dans la planification et constituent dès lors unecondition fondamentale de l’infrastructure RPI. Pourtant, l’unicité du projet réside probablement moins dans le degréde technologie numérique que dans l’engagement commun envers des objectifs supérieurs. Au vu des objectifs RPI,ce projet pionnier se profile sans conteste comme un projet culturel avant tout. Au titre des huit champs thématiques des objectifs pilotes de l’équipe de direction figurent notamment, outre la «qualité de la substance bâtie» ou les «coûts de construction/gestion», des aspects tels que la «satisfaction des parties prenantes» ou encore la «satisfaction des collaborateurs». Les attentes ayant été placées haut, il est par consquent normal d’être à l’écoute, durant le processus de construction et de planification, du ressenti des participants au projet et des futurs utilisateurs. Un monitorage complet – élaboré avec le soutien de la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW) au travers de ses Institut de construction numérique et Institut de recherche et développement collaboratifs (if k) – perme de jauger les réussites et les dysfonctionnements. Ce monitorage est indispensable pour pouvoir réagir à temps aux problèmes qui surgissent lors de la conception du projet. Enfin, les entreprises participantes sont solidaires face au succès et à l’échec: un fonds, constitué à cet effet pendant les phases d’étude et de construction et alimenté par des paiements encore retenus, sera reversé aux entreprises participantes – mais uniquement si le projet est mené à bien.

Urs von Arx (groupe HHM), membre de l’équipe de direction RPI et élément moteur de la démarche, résume cette dernière en ces termes: «La RPI consiste à relier la technique à l’organisation et à l’être humain. Ce qui implique aussi de nouvelles formes de contrats, de même qu’un maître d’ouvrage ouvert et favorable à l’innovation et, partant, au développement.» Ce projet est unique parce qu’il se fonde sur la confiance et le professionnalisme et qu’il transpose des facteurs humains en faits solides.

Emmanuel Gilgen, directeur de digireal AG, accompagne le projet «unique» en qualité de membre de l’équipe de gestion.

Emmanuel Gilgen
Emmanuel Gilgen

Il répond à quatre questions:

Quelles principales conclusions Thermoplan, en précurseure, peut-elle tirer de cette première année de RPI?
La RPI suppose une transformation, et qui dit transformation dit travail éreintant. Il s’agit d’une démarche à portée culturelle qui demande une attention à tous les niveaux. La communication du projet est en l’occurrence primordiale.

Observez-vous un changement de paradigme dans le cadre de votre travail ou le projet tient-il plutôt de la routine – business as usual?
Un changement de paradigme, indiscutablement. Il n’est pas rare d’entendre des déclarations comme celle-ci de la part d’un entrepreneur impliqué dans l’entreprise: «Ce projet m’enthousiasme encore et encore! Ce mode de collaboration est à la fois réjouissant et enrichissant.»

Très brièvement: la RPI incarne-t-elle l’avenir?
La RPI est aujourd’hui un terme en vogue, qui pourrait tout aussi bien entrer en désuétude un jour. Néanmoins, les valeurs que représente la RPI dans le projet de Thermoplan, elles, perdureront. On parle ici de dimensions fondamentales, comme la confiance et l’estime. En ce sens oui, l’esprit RPI incarne l’avenir.

Que répondez-vous à un mandant qui s’adresse à vous pour mettre en œuvre la méthode RPI?
Êtes-vous prêt à reconnaître les parties prenantes au projet comme des partenaires collaborant d’égal à égal et à leur faire confiance? En d’autres termes: quel est votre propre état d’esprit, dans quelle mesure votre culture et vos valeurs sont-elles compatibles avec d’autres?

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